- Témoignage d'un prisonnier de guerre en 1870 (suite 8)

Publié le par bauds

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décembre 1870 à mars1871 (suite 1) (Magdeburg)

"...- Heureusement pour moi, depuis le premier décembre, époque où le froid a commencé, je fus occupé de mon état, je travaillais avec trois autres cordonniers et deux tailleurs dans un cabinet assez bien chauffé, où nous passions nos soirées, quoique sans travailler le soir, nous étions occupés à réparer les chaussures des hommes de la compagnie, notre travail n'étant pas surveillé, de sorte que nous avons encore assez de liberté. ..."






décembre 1870 à mars1871 (suite 2) (Magdeburg)

"...Je n'avais donc à souffrir du logement que le soir, et c'était assez pour m'enrhumer, car à ce moment, tout le monde était atteint de ce mal, heureux encore ceux qui n'avaient que celà, Les nuits étaient tristes, on entendait tousser continuellement ; comme si nous avions tous été asthmatiques; nous pensions pourrir dans cette caverne...."




décembre 1870  à mars1871 (suite 3) (Magdeburg)

"...L'hiver était si long, et si rigoureux, la neige a couvert la terre depuis la fin de novembre, jusqu'au premier mars, c'est-à-dire trois mois consécutifs. Vers le quinze février, on nous fit déloger de nouveau; pour nous conduire dans des baraques saines et bien chauffées, mais il était trop tard car le dégel vint peu de temps après; et depuis cette époque, nous n'avons pas eu à nous plaindre des rigueurs du temps...."

 



Fin de la lettre. (Magdeburg)

"...Nous regrettons de ne pas avoir passé l'hiver dans ce nouveau domicile, car si nous y étions venus plus tôt, je crois qu'il n'en serait pas mort autant d'entre nous, car sur une trentaine de milles que nous étions à Magdeburg, le nombre des morts est tout près d'atteindre le chiffre énorme de quatre milles. Voilà en abrégé à peu près tout ce qui me concerne , car pour détailler tout, il faudrait faire un gros livre...."




Fin de la lettre. (suite 1) (Magdeburg)

"... Les hommes de la compagnie étaient bien plus malheureux, car ils étaient forcés d'aller travailler dehors, même par le plus grand froid; et lorsque l'un d'eux cherchait à s'en échapper, ou qu'on avait quelque chose à lui reprocher, sa punition était celle d'un peuple sauvage , on l'attachait dehors à un poteau, par les pieds et les épaules, pendant des heures entières, exposé aux rigueurs du temps. Je me trouvais heureux auprès d'eux...."





Fin de la lettre. (suite 2) (Magdeburg)

"...Jugez de ce qu'on avait à souffrir avec un peuple aussi barbare; c'est seulement un aperçu pour vous connaître notre position, je ne vous donne pas plus de détails sur les coups de plat de sabre qu'on recevait, lorsqu on n'obéissait pas assez promptement, lorsqu'on n'était pas levé assez matin ou pour tout autre motif...."





Fin de la lettre. (suite 3) (Magdeburg)


"...- Le code pénal auquel nous étions assujettis contenait les peines les plus sévères, pour les moindres bagatelles, beaucoup contenaient la peine de mort et d'autres la citadelle pendant plusieurs années et même à perpétuité.
Des prisonniers de guerre n'auraient cependant pas du être traités si rudement."





Ainsi prend fin cet émouvant récit sous la forme d'une série d'une cinquantaine d'articles, qui m'inspire cette interrogation:

Pourquoi pas moi?

Je me suis déjà posé plusieurs fois cette question en travaillant à la mise en forme des articles de ce blog sur la guerre de 1870 vécue par mon arrière grand père (photo ci-dessous vers 1920), en sachant que dans la foulée, mon grand père, puis mon père, sont aussi partis comme lui "la fleur au fusil".



La réponse parait évidente lorsqu'on lit ces quelques passages d'Hubert Reeves dans "Je n'aurai pas le temps" reproduits ci-dessous:

"A la fin de la seconde guerre mondiale,...,l'armée américaine,...,mit en chantier la bombe à hydrogène. La conséquence directe fut que les soviétiques la fabriquèrent eux aussi sans tarder. ... La "terreur nucléaire" s'était installée dans les esprits."

Cette terreur a probablement permis d'éviter le déclenchement d'une nouvelle guerre internationale (bien que l'on recense une centaine de guerres depuis 1945).

Hubert Reeves écrit ensuite ce qui me semble expliquer pourquoi mes enfants n'ont pas eux non plus, heureusement, connu la guerre.

" ... La terreur nucléaire a pris fin dans les années 1980. Sous la direction de l'astrophysicien Carl Sagan, un groupe de scientifiques avait modélisé une guerre atomique mondiale. ... Un "hiver nucléaire" s'étendrait alors sur la terre qui pourrait largement éliminer l'espèce humaine. Ce travail eut un effet radical sur les institutions politiques des deux nations ennemies. En 1986, Gorbatchev et Reagan se rencontrèrent à Reykjavik , en Islande, pour entreprendre le démantèlement des bases de lancement terrestres et sous-marines. En 1989, l'éclatement de l'URSS met fin à cette crise. Aujourd'hui, bien que l'arsenal atomique existe encore, le déclenchement d'une guerre nucléaire mondiale parait de moins en moins vraisemblable. Les bombes artisanales et les avions de ligne semblent être les armes de notre époque."

Espérons que la nouvelle société qui émergera de la crise économique mondiale actuelle saura aussi éviter la guerre.

Pour en savoir plus sur la finance, vous pouvez rvoir la vidéo explicative de 50':

link


Désormais, et pour faire le parallèle avec les précédents articles concernant la lettre de mon ancêtre prisonnier à Sedan le 01 septembre 1870, je publierai des extraits de l'ouvrage:

La guerre en Alsace
NEUF-BRISACH
Souvenirs de siège et de captivité
Charles RISLER lieutenant à la 1ere batterie d'artillerie de la Garde lobile du Haut-Rhin
Gaston LAURENT-ATTHALIN lieutenant au 2e bataillon d'infanterie de la Garde mobile du Haut-Rhin
Deuxième édition
Berger-Levrault & Cie libraires-éditeurs
1881

Aimablement communiqué par Tintin68 avec le concours de l'office de tourisme intercommunal des Bords du Rhin.

la suite au prochain article http://bauds.over-blog.com/article-33197654.html

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