retour au début: - Témoignage d'un prisonnier de guerre en 1870
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07 septembre 1870 (suite 2)
"...- Il y avait dans tout cela quelque chose d'effrayant; la plaine de chaque côté du chemin conservait les traces d'un combat récent, et qui sera à jamais mémorable: le sol était jonché de débris de toutes sortes des effets d'équipement des combattants, puis on voyait ces tranchées presque sans fin, qui avaient servi à enterrer le nombre énorme des malheureux qui quelques jours auparavant avaient trouvé la mort en défendant la patrie. Ces tombes étaient si peu profondes, que la terre était toute fumante, et qu'il s'en exhalait une odeur infecte...."
Voici une carte de la zone entre Etain et Gravelotte, la description correspondant vraisemblablement à la plaine qui est à l'origine de l'expression "il pleut comme à Gravelotte"
Napoléon et Bismarck, une semaine plus tôt à Sedan
07 septembre 1870 (suite 3)
"...A cet endroit, le chemin était un véritable ravin, en avant de nous, il se trouvait une montagne et une en arrière, de sorte que l'eau y coulait aussi abondante que dans une rivière, avec un bruit sourd qui rendait ces lieux encore plus tristes. Jugez de l'effet que produisit sur nous un tel spectacle, dans la position où nous nous trouvions: tout semblait nous préparer à la mort, et une mort épouvantable, car nous avions échappés, aux balles et à la mitraille ennemie, et nous nous trouvions exposés à mourir de faim et de fatigues sous la domination d'un peuple étranger. ..."
Napoléon une semaine avant à Sedan
07 septembre 1870 (suite 4)
"...Il n'en fût cependant pas ainsi; la pluie s'étant apaisée, la force revint un peu. Il était nuit quand nous arrivâmes à Gorze, ville du département de la Moselle. Nous pensions y trouver un logement, mais cette fois encore nous nous étions trompés; on nous conduisit hors de la ville, dans une prairie où il fallait passer la nuit sans abri. ..."
Pour visualiser le trajet Sedan - Gorze (128 km)
Vue de la Commune de Gorze (1400 habitants)
07 septembre 1870 (suite 5)
"...Cependant ils nous donnèrent à chacun deux petits biscuits et un peu de lard; après, on fit une légère distribution de bois, ce qui nous permit en nous réunissant à beaucoup, de faire sécher nos vêtements et de faire cuire des pommes de terre que nous avions apportées depuis plus de quatre lieux, et qui nous donnèrent la force de continuer notre chemin le lendemain huit...."
08 septembre 1870
"...Bien qu'on nous aît dit que nous n'avions plus que quelques lieux à faire pour prendre le chemin de fer nous avions raison de n'y pas croire, car ce fût bien la journée où nous avons le plus marché; vers midi, à chaque pas il en restait en route; on était forcé de les conduire en voiture, car ils ne pouvaient pas continuer le chemin à pied, les rangs s'éclaircissaient de plus en plus, car tous nous étions à bout de forces...."
08 septembre 1870 (suite 1)
"...La fatigue apaisant les douleurs de la faim, nous fîmes un effort. On nous fit faire une halte; nous avons mangé le reste de notre biscuit de la veille, puis on donnât l'ordre du départ; le chemin était mauvais à cause de la pluie qui était tombée les journées précédentes. Le courage nous revint un peu, en voyant une ligne de chemin de fer prussienne en construction, qui longeait notre route, car nous attendions avec impatience ce moment où nous pourrions prendre le chemin de fer pour pouvoir nous reposer un peu. ..."
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